Abandonner sa famille. C'était l'acte le plus difficile qu'elle avait eu à faire. Renoncer à eux, renoncer à sa vie... pour ne plus souffrir. Et puis Tybalt avait normalement mit les enfants à l'abri, loin d'elle, chez les Drakans. Et dans sa bêtise, elle avait pensé que Syrul avait été placé à Saphyr avec ses frères et soeurs.
Nellya avait aimé ce petit être différent des autres autant qu'elle avait aimé ses propres enfants. Elle s'était toujours souvenu du jour où elle l'avait volé à son funeste sort avec émotion. Il était né différent et c'était là son seul crime. Maeth, d'une voix ferme et glaciale avait simplement dit : tuez-le. Alors, Nellya l'avait volé. Elle avait caché le bébé contre son sein, sous une cape et elle s'était enfuie loin du lieu de l'accouchement de la jeune fille, jusqu'au port. Là, elle avait prit le bateau et s'était enfuie à nouveau jusqu'au manoir familiale, loin de Sombrum.
- Mais enfin Nellya !! Tu n'as pas le droit de voler un enfant à sa mère ?
- Sa mère et son père étaient sur le point de le tuer... à cause de ça.
Elle avait montré à sa famille la déformation qui lui valait condamnation à mort.
Puis elle l'avait aimé, le couvrant de baisers et de câlins, sous le regard sévère mais bienveillant de Tybalt, leur précepteur. Elle s'était disputé avec lui, violemment, quand il lui avait fait subir sa fameuse "éducation".
- Je t'interdis de toucher à mon fils de cette façon !! Je t'interdis de recommencer et même de l'envisager.
Pour la première fois, Tybalt s'était penché vers elle, l'oeil meurtrier, froid et dangereux.
- Je ne laisserai personne... tu m'entends ? Personne !! Risquer TA vie. Pas même toi... et pas même tes enfants. S'il ne peut comprendre que par son comportement, il te met en danger, alors il mourra.
Les relations entre Nellya et Tybalt ne furent plus jamais les mêmes après ça. Il avait fait en sorte d'éloigner les enfants de leur mère adoptive pour la protéger. Parce qu'une hastane à Sombrum ne pouvait se permettre d'agir en Hastane, même en privé, sans risquer sa vie.
Syrul restait néanmoins son premier fils. Elle le chérissait tendrement, de loin, puisqu'elle n'avait pas le droit de détruire l'éducation précieuse et précise que le Nargolith leur inculquait. Cette éducation qui ferait d'eux de véritables Nargoliths. Dans le monde où ils vivaient, ils n'avaient pas le choix. Elle les avait aimé de toutes ses forces le temps de leur petit enfance.
Du haut de son nuage, en admettant que nuage il y ait, elle assistait, impuissante au désespoir de son ainé. Elle essaierait d'envoyer un signe à son chéri, de veiller sur lui encore un peu... si elle le pouvait. Et elle lui répèterait :
- Ta mère t'aimait, Syrul, et elle t'aime encore. A jamais !