L’aube commençait à peine à étendre sa lueur sur la forêt bordant Hildrim. Un léger vent frais caressait la cime des arbres, faisant lentement virevolter les dernières feuilles mortes de l’automne, telle une nuée de papillons de nuit fuyant les premiers rayons du soleil.
Le calme régnait de son silence, pas un bruit qui ne soit familier, pas même un mouvement qui ne vint surprendre le spectateur éventuel.
Puis, un léger changement, presque un frémissement… Une voix grésillante et raisonnante troubla peu à peu la paix ambiante. D’abord lointaine, puis entêtante, elle se rapprochait d’un pas aussi léger que zigzagant de la lisière.
Petite Nébulix rouge pâle, avec une touche orangée, sautillante, frivole, chantonnant… Ou plutôt… Non ! Hurlant à tue tète, avec un zozotement grinçant, une chansonnette sans queue ni tète.
« Ze bade et ze gambadeuuuuu, en zhantant la zhamade! »
Et voici Zazzolitixie.
Elle revenait de sa cueillette quotidienne, un panier trop étroit pour son contenu au bout du bras, visiblement peu pressée de renter. Et pourtant, elle en avait des choses à faire ! D’abord, il fallait s’occuper de toutes ces plantes ramassées. Les étudier, les broyer, les mélanger, les faire bouillir et… Y goûter ! Quel moyen plus amusant pour étudier cette nature environnante ?
Ensuite, il fallait s’occuper de son avenir. Etudier les étoiles et les Cilias, tâtonner de la magie, prendre contact avec les diverses académies et, si le manque de temps ne venait pas troubler la journée, trouver quelques jouets intéressants. Jouets… Pardons. Je voulais dire « camarades de jeux » !
Car telle était Zazzolitixie, curieuse de nature, avide de savoir, particulièrement sur tout ce qui touchait à la forêt et aux étoiles. « Un zour, ze zerai z’une grande za... zhama... chamanezze ! » aimait-elle à affirmer d’un aplomb presque militaire.
Hélas, insouciante Zazzolitixie, toujours attirée par le moindre évènement anodin, elle ne pouvait s’empêcher de perdre un temps fou a virevolter autour de tous les joue…, *hurm*, « camarades de jeux » qu’elle pouvait croiser.
Chamailleuse, elle ne pouvait s’empêcher de titiller les personnes qui croisaient son chemin. Parfois, il s’agissait de quelques gestuelles physiques, parfois il s’agissait de venir interloquer (choquer ?) l’esprit de la rencontre fortuite. Mais, toujours, il fallait perturber, embêter, triturer, débattre, contredire, envenimer… Il fallait transformer le calme en mouvement, le silence en bruit. Il fallait animer !
Mais enfin… Ainsi était Zazzolitixie. Un tel débordement d’énergie, allant souvent jusqu'à l’agacement de son entourage, n’était peut être, après tout, qu’une façade. Je ne sais… Mais je me souviens, une lune, l’avoir entraperçus dans un recoin de rue, seule, immobile, inerte, presque blême, chantonnant… Ou plutôt, non… Murmurant une douce et bien mélodieuse chansonnette, d’une voix aussi lisse et claire que les étoiles qu’elle observait fixement.
Et voici Zazzolitixie.