Un fébrile mouvement d'aile presque imperceptible mais dont le son reconnaissable rappellait celui d'une Nébulixe, un teint qui semblait avoir perdu de ses couleurs, délavées par le temps et les saisons. Paralixe Zeelox avait beau posséder tous les traits de la jeunesse, son corps témoignait d'une vie chargée en intensité et en voyages. Des voyages qu'aujourd'hui elle s'efforçait de retranscrire dans une profonde réflexion scientifiques dans son ouvrage intitulé "Un regard neutre sur le monde". Un ouvrage qu'elle n'espérait pas avoir à débuter si rapidement, des rencontres qu'elles n'auraient voulu pour rien au monde écouter... Mais les événements et la situation l'efforcèrent pourtant de rentrer après ces longues explorations et ces inombrables discussions auprès de ce qui semblait être commun à toute espèce civilisée : un feu...
...le feu peut être perçu sous bien des aspect selon les cultures écrivait-elle consciencieusement car s'il apparait à nos yeux comme un facteur de chaleur réconfortante, il peut tout aussi bien être admiré pour sa puissance, le danger qu'il évoque, ou par simple rareté dans certaines situations... Cependant, il est comme beaucoup d'autres choses un point central de toutes les espèces civilisées que j'ai pu rencontrer. Le feu permet de se retrouver, de se réunir, de se rencontrer et de discuter. Car plus que le feu, les civilisations semblent avoir une propension à ...
Sa plume semblait glisser avec une aisance surnaturelle sur le parchemin qu'elle se contentait d'effleurer avec soin. L'éventualité d'une erreur dans son texte devant être prise en compte malgré toutes ses précautions, il lui fallait être certaine de pouvoir gratter la couche du parchemin superficielle en cas de réctifications. Pourtant, si l'écriture semblait être à cet instant la seule activité de Paralixe, c'est surtout parce que le lieu l'imposait. Cette bibliothèque d'Hildrim, elle en avait de profonds souvenirs, mais ceux-ci semblaient avoir été quelque peu embellis avec le temps. Son premier constat lorsqu'elle revint sur les lieux fut le bruit et le mouvement. Il semblerait qu'au fil du temps la bibliothèque soit devenu un haut lieu de discussions.
Intéressant pour elle car la discussion était sa seconde passion. Le dialogue, le contact par la parole, deux savoirs qui se frôlent et osent timidement s'entremêler... C'était pour elle un véritable plaisir lorsqu'elle pouvait partager quelque chose et obtenir des informations en retour. Mais ces petits plaisirs d'autrefois devaient laisser place à la nécessité du contexte qu'elle osait d'ailleurs évoquer dans son ouvrage.
La guerre n'est que l'expression d'une incapacité à s'exprimer, à dialoguer et à se comprendre. La guerre est l'échec du savoir et de la connaissance sur l'animal qui sommeille en chacun d'entre nous. Cette conception "d'animal en soi" me provient de rencontres avec des Nalkiris dont les croyances sont vraiment...
Des rencontres, elle n'avait vécu qu'au travers d'elle mais il semblerait qu'elle ait manqué de pouvoir s'investir utilement par ces rencontres. La guerre qui eut lieu, elle la considère comme un profond échec personnel envers l'enseignement qui lui avait été transmis. Les liens qu'elle s'était efforcée de tisser au fil du temps n'avaient eu aucun impact car ceux-ci ne s'adressaient qu'à sa personne. Le temps et les événements semblaient avoir changer les humeurs et même la notion de neutralité au sein d'Hildrim se voyaient corrompues... C'est pourquoi à son retour elle s'exigea de trouvé un moyen lui permettant de redorer l'image d'Hildrim. Des ambitions bousculées encore une fois par les informations des évolutions qui se déroulaient dans le monde. Cataclysme et déchirement inter-sociaux, tout semblait mener vers un nouvel opus martial qui, d'après ce qu'elle observa, ne serait certainement pas favorable à qui que ce soit.
C'est pourquoi aujourd'hui elle se sentait comblée de l'opportunité qui lui était offerte. On venait de l'accepter au sein de l'académie du printemps...
Un sourire s'esquisca, le livre se referma et ce sont des missives qu'elle prit cette fois en main. Il y avait beaucoup de travail devant elle, mais ce qui lui sembla le plus important à ses yeux était qu'elle puisse nouer des liens solides au sein même de la ville. Le temps de la discussion ne s'était toujours pas refermé et le très long sillage de la connaissance semblait encore se prolonger par delà l'horizon. Une pensée qui lui rappella le souvenir d'une ancienne rencontre.
"Neh jelaad, chacun des livres que tu portes fait partie du Savoir que tu recherches. Pourtant, tes livres sont à l'image de ce grain de sable, et le désert à l'image de ta quête : infinie."
Une phrase que Paralixe Zeelox gardait ancrée dans sa mémoire...