Récemment, Vilimanix avait été très occupé. Enfin, certains pourraient dire qu'il était très occupé depuis qu'il avait joint l'académie de l'hiver il y a près d'un an. Ils auraient sans doute raison. Par contre, depuis les dernières semaines, c'était à un tout autre niveau. La discorde qui avait eu lieu à l'intérieur de l'académie avait été une source d'embêtement très grande. Il avait tenté du mieux qu'il pouvait pour faire avancer les choses et garder le tout en ordre alors que certains de ses collègues et supérieurs refusaient de travailler ensemble. Il avait eu peur pour la sécurité de la ville.
Après que la poussière n'eut retombé et qu'ils décidèrent d'arrêter ces estivaleries, Vilimanix avait semblé décidé à recommencer ses recherches. Il se faisait alors pensif et distant. Il était bien souvent perdu dans ses pensées, n'écoutant que peu ou pas du tout les conversations autour de lui. Certains l'avaient vu de nombreuses heures à la bibliothèque, cherchant quelque chose dans la section de la biologie et, plus particulièrement, de la virologie. Bien que sa présence dans cette section n'était pas chose inhabituelle, le nombre d'heures passées là à lire, noter et penser faisait sourcillier. Mais ce qui inquiéta les gens qui fréquentaient la bibliothèque, c'est que c'était assez rare qu'il soit aussi secret au sujet de ses recherches. Il avait posé quelques questions à d'autres qui pouvaient avoir des réponses, mais il refusa à tous coups d'expliquer ce qu'il cherchait au juste ou pourquoi il le faisait.
Bien sûr, ses recherches furent bien vite dérangées par la nomination d'un roi en Hildrim. Il s'en suivit de nouveaux casse-têtes: l'attitude étrange du Conseil menant à une telle nomination, les réactions, bien que compréhensibles, de la population et, en particulier, d'Aldrick et Veleshro, les rencontres avec les membres des académie, avec le Soleil, avec le Tempête.
Le retour sur la décision du Conseil et le dévoilement des raisons de leur geste fut un soulagement. Cependant, Vilimanix restait préoccupé et distant. En fait, son attitude avait beaucoup changée depuis la dernière année. Lui qui, alors qu'il eut joint l'académie, était toujours souriant au ton léger, bon-vivant, naïf parfois, était maintenant plus sérieux, strict, distrait et même las. Cela allait même plus loin que son comportement, il semblait alors beaucoup plus vieux: alors qu'un an plus tôt, son apparence physique ressemblait celle, en terme d'âge, d'un Hastane au début de la vingtaine d'années, les gens habitués au vieillissement des Hastanes pourraient croire qu'il avait pris une bonne dizaine d'années au cours de quelques mois à peine. Il avait pris un peu de poids, quelques rides se faisaient à présent visibles. En somme, son corps avait suivi son esprit, vieillissant au fil de sa maturation ma foi, assez rapide. La vie, après tout, lui avait tombée dessus assez brusquement. À cette pensée s'enchaîna le souvenir d'Ulnar Vlos'Eke puis à une vague de colère brusque, qu'il chassa rapidement. Tout cela était du passé. L'homme avait disparu et c'était mieux ainsi. Il était probablement mort puisque ses assassinats s'arrêterent alors qu'un certain nombres de noms figuraient très certainement toujours sur sa liste.
Ce matin là, il était à la bibliothèque comme à son habitude. Chose étrange, deux femmes chuchottèrent en le regardant. Quand Vilimanix s'en rendit compte, elles détournèrent leur regard et firent mime de chercher un livre. Le Glaçon ne s'en formalisa pas. Il avait plus important à faire. Il retourna vite à sa lecture. Quelques minutes après, ou heures - il ne le savait pas trop - un jeune estival vint lui porter la lettre. Il lui donna quelques pièces en échange et l'ouvrit avec curiosité. Au fil de sa lecture, son regard s'assombrit. Il se leva brusquement, prenant la lettre, mais laissant le livre qu'il lisait sur la table. Le bibliothécaire le regarda filer, secouant la tête. Il ramassa le livre qui trainait. Les deux femmes qui chuchotèrent plus tôt étaient toujours en train de murmurer au sujet de Vilimanix. Celui-ci en revanche, étai trop préoccupé pour s'en rendre compte.
Vilimanix se rendit de ce pas chez Kalyxie...